Démocratie et égalité des sexes"
par Diane Guilbault
Au cours des cinq dernières années, des débats sur le rôle que veulent se donner les religions dans la vie civique ont secoué l’opinion publique au Canada et au Québec. Au Canada, la demande d’un groupe radical d’instaurer des tribunaux islamiques pour juger des causes reliées au droit de la famille a déclenché un vaste mouvement de protestation dans tout le pays. Au Québec, les vives réactions suscitées par une série de dérogations aux règlements, consenties pour des motifs d’ordre religieux, et qui remettent en question l’égalité des sexes, ont incité le gouvernement à créer une commission de consultation en 2007.
Les audiences de cette commission ont donné lieu à un exceptionnel exercice de démocratie. Toutefois, si les personnes invitées à s’y exprimer ont pu le faire librement, à la lecture du rapport des commissaires, MM. Gérard Bouchard et Charles Taylor, en mai dernier, on a pu constater qu’elles n’ont pas toutes été entendues avec la même objectivité ni la même empathie. Le point de vue féministe n’a pas reçu l’accueil qu’il aurait mérité étant donné que les « accommodements raisonnables » accordés au nom de croyances religieuses menaçaient d’éroder les droits des femmes. Les éditions Sisyphe ont voulu remédier à cette occultation en présentant un portrait global, incluant l’opinion féministe.
Diane Guilbault nous livre ici une synthèse limpide et convaincante sur les liens complexes entre démocratie, laïcité, religion et égalité des sexes. Elle adopte une position critique objective et mesurée, après avoir d’abord défini minutieusement les concepts autour desquels s’articule sa réflexion. Elle rappelle le contexte socio-politique à l’origine de « la crise des accommodements » que les présidents de la Commission Bouchard-Taylor réduisent à une « crise des perceptions ».
Diane Guilbault a une formation en sociologie et en journalisme. Elle a travaillé en organisation communautaire et dans divers organismes de défense des droits, comme la Commission des droits de la jeunesse et le Conseil du statut de la femme, pour lequel elle a rédigé, notamment, « Les femmes âgées du Québec » (1999) et « Les femmes immigrées du Québec » (2005). Elle a fait du bénévolat pendant plusieurs années dans divers organismes communautaires dans les domaines scolaire, municipal et sportif. Diane Guilbault s’intéresse à la politique en tant qu’outil du mieux-vivre ensemble. Démocratie et égalité des sexes s’inscrit donc dans son engagement citoyen.
Du bon usage de la laïcité
Collectif
Depuis quelques années, une frange de la mouvance laïque, qui se baptise elle-même « laïcité de combat », développe un prosélytisme anti-religieux qui vise essentiellement l’islam et, très accessoirement, les autres religions. Cela nous paraît un très mauvais combat pour la laïcité.
Contre cette dérive, treize intellectuels** ont rassemblé leurs réflexions pour défendre, chacun à sa manière, et à partir de sa conviction propre, une autre façon de concevoir la laïcité : positive et démocratique, sans concession ni fadeur. La laïcité ici présentée organise, dans le respect des lois de notre pays, la cohabitation pacifique des conceptions religieuses et philosophiques. Elle n’est pas l’organisation du combat contre les religions. Elle ne peut servir de prétexte pour justifier la discrimination à l’égard de quelque citoyen(ne) que ce soit. La laïcité doit être intransigeante sur le principe mais ne peut se faire croisade sans se renier elle-même.
Sous la direction de Marc Jacquemain et Nadine Rosa-Rosso*
Les directeurs de l’ouvrage
Marc Jacquemain est sociologue et professeur à L’Université de Liège. Il a publié entre autres La raison névrotique (Labor, 2002), Le sens du juste (Ed. de l’Ulg, 2005), L’histoire que nous faisons (avec Jérôme Jamin, Ed. Espaces de Libertés, 2008).
Nadine Rosa-Rosso est professeur de français dans l’enseignement de promotion sociale. Elle a dirigé la publication de deux numéros de la revue Contradictions. Rassembler les résistances et est l’auteur de l’article Si le foulard pouvait libérer ? qui a donné naissance à ce recueil.
Une histoire des créatrices
par Liliane Blanc
Je veux simplement raconter l’histoire des créatrices à travers les siècles, en remontant du plus loin possible dans le temps jusqu’au XXe siècle. Les nommer, les replacer dans leur contexte social et culturel, établir des liens entre elles. Montrer qu’elles étaient actives à toutes les époques. Et, bien souvent, là où on ne les attendait pas : dans l’entourage des pharaons, avant Homère, à Athènes comme à Sparte, à Rome, en Chine, en Inde, au Japon, dans les pays musulmans. Témoins des Croisades, défiant l’Église médiévale, poètes arabes à Damas et à Grenade.
Peintres et compositrices pensionnées à Versailles, à Londres ou à Vienne. Pamphlétaires en Angleterre, révolutionnaires en France. Visionnaires païennes, chrétiennes, luthériennes, quakers américaines. Compositrices d’oratorios et d’opéras, de lieder, librettistes, dramaturges. Peintres spécialisées dans le portrait, la nature morte et même la fresque. En fait, elles ont mis leur nez partout. Les unes ont connu la gloire, les autres pas.
Je ne me poserai pas en critique et n’évaluerai pas en spécialiste leur production. Pour certaines d’ailleurs, surtout dans les temps reculés, impossible de le faire : leurs oeuvres ont disparu, seule nous reste leur réputation. L’important pour moi est de les réunir, de vous dire où aller les rechercher quand c’est possible, de faire en sorte de ne plus les oublier.
Liliane Blanc est née en Algérie et vit au Québec depuis 1967. Elle possède une formation universitaire en littérature, histoire et pédagogie. Conférencière, elle est l’auteure de Elle sera poète elle aussi – Les femmes et la création artistique (Le Jour éditeur, Montréal, 1991) et a collaboré à plusieurs revues spécialisées ainsi qu’à Radio-Canada. L’auteure prépare l’histoire des créatrices pour les siècles suivants jusqu’au XXe siècle.
L’École et la peste publicitaire
Nico Hirtt - Bernard Legros
Préface d’Alain Accardo
La publicité ne se donne aucune limite : son intrusion dans les écoles est une réalité de plus en plus perceptible qui n’est pas sans inquiéter. Cette tendance à l’arrivée des marques en milieu scolaire est à mettre en relation avec le désir de certains de marchandiser progressivement, avant de le privatiser, le système éducatif public.
Sous quelles formes cette entrée de la pub se présente-elle ?
Quels sont les soubassements idéologiques de cette immixtion ?
Quelles sont les forces économiques qui la sous-tendent ?
Quelles sont les stratégies mises en oeuvre ?
Quelles en sont les conséquences ?
Pourquoi et comment résister, collectivement et individuellement ?
À toutes ces questions, Nico Hirtt (Appel Pour une Ecole Démocratique – APED) et Bernard
Legros (Résistance à l’Agression Publicitaire, Réseau Belge des Objecteurs de Croissance), par ailleurs enseignants, apportent des réponses.
Menaces sur la civilisation du vin
Raoul Marc Jennar
Postface : « L’appel contre les naufrageurs du vin, Confédération paysanne européenne »
Quelles menaces pèsent sur le vin aujourd’hui ? Rien moins que légaliser au niveau européen « l’arrangement » de nos vins, afin de les rendre compatibles avec un standard de
consommation imaginé par les spécialistes du marketing des grands alcooliers internationaux.
On pourra aromatiser le vin, lui enlever de l’alcool, lui rajouter du glycérol, fermenter en Europe des moûts concentrés d’Argentine ou bien encore importer des jus de raisin pour
fabriquer des « vins » suédois ! On pourra mélanger les continents et mettre en concurrence les misères afin de profiter de l’exploitation des travailleurs des nouveaux pays producteurs pour payer son vin moins cher en supermarché. Ce livre est un appel à résister à toutes les réformes européennes, qui font fi de la dimension culturelle, sociale, économique et environnementale de la viticulture et condamnent le vin à l’insignifiance.
Il reprend en conclusion l’« Appel ultime contre les naufrageurs du vin» lancé par la Confédération paysanne.
Raoul Marc Jennar est docteur en Sciences politiques, diplômé des universités belge et française et chercheur en France, sur les questions de la mondialisation. Il est notamment l'auteur de Europe, la trahison des élites (Fayard, 2004, Prix des Amis du Monde diplomatique).
Breendonk
Chronique d’un camp (1940-1944)
Jos Vander Velpen
Ce livre est une chronique émaillée d’une multitude de témoignages des survivants du camp nazi belge de Breendonk. En quatre ans, de septembre 1940 à septembre 1944, près de quatre mille prisonniers ont séjourné à Breendonk. D’abord, des Juifs et des « éléments asociaux », plus tard, des prisonniers politiques, des résistants, des otages. La plupart étaient belges mais, au total, plus de quinze nationalités se sont retrouvées enfermées au fort.
Ce qu’ils y ont subi tient de l’indicible.
Il existe des bibliothèques entières sur Auschwitz mais la littérature sur Breendonk est pour ainsi dire inexistante. Breendonk, en effet, voilà bien un sujet déplaisant !
« Ça » se trouve au coin de la rue, et les SS – belges ! – y régnaient en maîtres.
Breendonk - chronique d’un camp est le premier ouvrage qui arrache à l’oubli la réalité de ce qui s’est passé dans ce qui était officiellement un « camp d’accueil » mais qui restera comme le « camp de la mort furtive ».
Jos Vander Velpen (né en 1948) est docteur en droit et avocat au barreau d’Anvers. Il est président de la Ligue des droits de l’homme en Flandre. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le fascisme dont Horizons noirs. L’extrême droite en Europe (EPO, 1996), et d’une histoire de la gendarmerie belge, Guère civil, de la gendarmerie à la police unique (EPO, 1998).
Aliénor
Richard Desjardins
Illustrations de Shrü.
Dans un repli de cet étrange XIIe siècle, où les rois faisaient tout ce qu’ils voulaient, où les peuples vivaient dans la terreur religieuse, morts de peur ou de faim, Aliénor d’Aquitaine (1122–1204), cultivée et indépendante, épouse successivement le roi de France Louis VII, puis le futur roi d’Angleterre, Henri II, apportant ses possessions et ¬titres à l’un puis à l’autre des deux souverains. En tenant une cour fastueuse sur ses terres ¬d’Aquitaine, elle favorise l’expression poétique des troubadours. Contrastant avec cette vie royale, la violence, l’injustice et le malheur frappent les paysans. L’un d’eux, ¬Gauthier sans Avoir, pauvre comme du sel, meurtri et profondément lésé, incapable de se faire entendre, entreprend de se faire justice. La scène se déroule à l’abbaye de Fontevraud, le 31 mars 1204. Aliénor se meurt.
Richard Desjardins, poète, chanteur et cinéaste, est l’une des consciences les plus respectées du Québec contemporain. Il relate ici, à la façon des « chansons de geste », la terrible histoire ¬d’Aliénor et de Gauthier sans Avoir.
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